Togo : même le président Gnassingbé ne veut pas de la nouvelle constitution !

Adoptée par l’Assemblée nationale le 25 mars, la modification de la Constitution continue de susciter des vagues désapprobation. Assez pour que le chef de l’Etat s’abstienne de promulguer le texte et demande aux députés de l’examiner à nouveau.

Pour les initiateurs de la réforme constitutionnelle, l’objectif est de redynamiser les institutions de la république. « Nous voulons donner un nouveau souffle à notre constitution et protéger le pays des instabilités que nous avons observées depuis les années 90, corriger les lacunes de la constitution de 1992 », a, notamment, déclaré Innocent Kagbara, président du Parti démocratique panafricain (PDP).

Mais pour l’opposition politique, il ne s’agit, ni moins, ni plus, que d’une manœuvre pour permettre au Président Faure Gnassingbé de se maintenir au pouvoir, à l’issue de son mandat qui prend fin en 2025.

La nouvelle constitution instaure un régime parlementaire qui confère au parlement la désignation du président de la république pour un mandat unique de 6 ans. L’essentiel des prérogatives de l’Exécutif revient au Premier ministre, un « président du conseil des ministres », désigné, lui aussi, par le parlement pour un mandat de 6 ans renouvelable sans limitation.

Pour les opposants à cette réforme, ce poste d’homme fort est créé pour permettre au Président Faure Gnassingbé de s’y installer, pour un pouvoir à vie.

Selon l’opposante Brigitte Adjamagbo-Johnson, le pouvoir actuel veut supprimer ainsi le suffrage universel direct pour l’élection du président de la République, parce qu’il « sait très bien qu’il sera difficile de continuer à tricher, à tripatouiller les élections présidentielles ».

Au lendemain du vote à l’Assemblée nationale, la Conférence des évêques du Togo avait invité le président de la République à ne pas promulguer la nouvelle Constitution et à « engager un dialogue politique inclusif ».

Plusieurs partis d’opposition, des organisations de la société civile, des artistes et des universitaires ont demandé au Président Gnassingbé de mettre un terme au « processus en cours pour le bien du pays ». Ils ont également invité les populations à la mobilisation pour « rejeter cette forfaiture ».

Pierre Lompo
Kamanews.net

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