Jeudi 24 février. Devant un groupe de journalistes triés sur le volet, le président sénégalais décide de sortir du silence dans lequel il s’est emmuré depuis la tempête qu’il a provoquée par son annonce d’une non tenue de l’élection présidentielle à la date convenue du 25 février.
On l’attendait sur un seul point : le nouveau calendrier électoral. Mais le président Sall s’en est tenu à ce qui semble être une obsession pour lui : le dialogue politique.
L’incertitude demeure donc totale sur l’avenir politique du pays. Le dialogue qu’il dit vouloir pour le début de la semaine n’a, à ce jour, ni liste de participants, ni ordure jour précis.
Mais c’est à cette instance ad hoc que Macky Sall a décidé de transférer des pouvoirs relevant d’institutions pourtant en place et bien fonctionnelles. Il lui suffisait, tout juste, de signer un décret portant convocation du corps électoral, et le tour est joué.
Mais monsieur président est bien dans la dangereuse tentation de prétendre régler tous les problèmes du Sénégal, avant de s’en aller.
A écouter les propos du chef de l’Etat, il s’en remettra aux décisions consensuelles du Dialogue qu’il initie. Mais dans l’hypothèse assez plausible où cette table ronde est boycottée par les ténors de la classe politique, quelle autre carte reste-t-il entre les mains de Macky Sall ?
Sans doute qu’il y a déjà pensé. Mais inexorablement, nous courrons vers la date fatidique du 2 avril, le jour où prend fin le mandat de l’actuel président. Va-t-il, alors, s’en aller et laisser le Sénégal se débrouiller ? Va-t-il, au pire, se décréter une âme de sauveur dont le pays ne peut qu’avoir besoin pour survivre ?
Trop d’interrogations qui amènent à espérer que la farce de dialogue qu’il concocte pour la semaine prochaine est le dernier plaisir qu’il s’offre, pour enfin prendre l’entière mesure de la gravité de la situation. Dans sa prestation face aux journalistes, il a certes dit savoir que l’heure est grave; une profession de foi que trahit son indécision.
Monsieur le président, convoquez le corps électoral immédiatement, commencez à préparer l’intérim avec le président de l’Assemblée nationale qui vous succèdera avec pour seule mission de tenir des élections libres et acceptées.
Yacouba Ouédraogo
Kamanews.net