Une manifestation à Ouagadougou pour exiger de l’ambassade de France qu’elle se trouve une autre adresse, et voilà de quoi faire émerger de nouveau dans nos esprits la question, celle des rapports assez complexes entre Paris et ce qui fut une des places fortes de son pré-carré en Afrique.
Pour les manifestants du 28 juin, partis de la place de la révolution, les locaux de la mission diplomatique française sont comme un intrus dans la configuration des lieux et, pire, constituent un point d’observation, « d’espionnage » des bureaux du Président Ibrahim Traoré.
Il faut garder à l’esprit que, pour bon nombre de ces marcheurs, la France « renseigne » et « soutient » les groupes armés terroristes qui endeuillent leur pays depuis déjà une décennie.
Alors, permettre à un « ennemi » d’établir son quartier général devant les portes de la Présidence du Faso, ce n’est plus de l’ordre du tolérable.
Pour l’instant, aucun officiel, à Paris comme à Ouagadougou, ne s’est prononcé sur cette revendication des manifestants. Mais on sait, au moins, que les rapports entre les deux capitales son exécrables.
Si Paris tente de jouer profil bas en se murant dans le silence, Ouagadougou ne lui fait pas mystère de son désamour. Dehors les soldats français de l’opération Sabre jadis stationnés dans la périphérie de la capitale burkinabè, dehors l’ambassadeur Luc Hallade rappelé pour des « consultations » depuis janvier 2023, dénoncée la convention « d’évitement de la double imposition » appliquée en faveur des entreprises et des ressortissants français, assez pour faire comprendre à la France qu’elle n’est plus la bienvenue.
Alors, pourquoi cette France ne prend pas le devant, en pliant tout simplement bagages ?
La réaction de Paris à cette demande de délocalisation de son ambassade est très attendue et, pour un des manifestants de Ouagadougou, « c’est mieux même qu’elle s’en aille ». Des propos tenus juste avant que la manifestation ne vire au chaos.
Assez rare en effet pour qu’on le note, la police a finalement dispersé ce rassemblement, à quelques pas de l’enclave diplomatique. Sous l’effet des grenades lacrymogènes, les manifestants ont dû replier en toute hâte, promettant toute fois de revenir, mieux préparés à toute éventualité.
Yacouba Ouédraogo
Kamnews.net