Homosexualité : cette pression sur le Ghana est inacceptable

Et vous voulez que le monde soit en paix ! L’adoption mercredi par le Ghana d’une loi qui criminalise la promotion, le financement et les actes d’homosexualité a du mal à passer, essentiellement dans le monde occidental.

Mais que les Etats-Unis et le Royaume-Uni poussent des cris d’orfraie, cela peut se comprendre dans une certaine mesure. Chaque pays est fondé à défendre, et à même promouvoir, ce qu’il considère comme valeurs essentielles.

Et dans cette logique, ils pourront apporter un soutien aux organisations locales ghanéennes qui voudront combattre cette nouvelle législation, si elles la considèrent comme étant une régression en matière de droits humains.

Mais que le Fonds monétaire international et la Banque mondiale enfourchent la même trompette est hors de l’acceptable. Ces deux institutions se laissent aller à un chantage honteux en menaçant le Ghana de lui couper tous les appuis budgétaires auxquels il avait droit.

Cette attitude est source de frustrations pour le Ghana, mais pas que. C’est un comportement hautain, proclamé parce que c’est le Ghana, parce que c’est un pays d’Afrique.

Sinon, comment comprendre tant de pressions au sujet d’une loi non encore promulguée, parce qu’elle pourrait être attentatoire aux droits humains ? Des droits dont l’universalité est quotidiennement remise en cause par le comportement des Occidentaux, eux qui accablent le Ghana aujourd’hui.

Lundi, une soixantaine de pays a accusé Israël de « génocide » dans la bande de Gaza et de Cisjordanie. La déclaration conjointe a été lue au Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève. La Banque mondiale et le FMI pensent-ils qu’il y a des droits humains dont la violation est acceptable, d’où la non annonce de mesure de représailles contre l’Etat hébreux ?

A tout point de vue, l’Arabie Saoudite n’est pas plus respectueuse de droits de l’homme que le Ghana. Mais les gardiens de la droiture à l’échelle mondiale sont bien silencieux sur ce qui se passe dans le royaume.

Il est plus que temps pour les organisations internationales de cesser d’être des acteurs de guerres civilisationnelles. Ou alors, le monde ira en se désagrégeant et les premiers perdants, ce ne sera pas forcément ceux qui sont déjà habitués à dormir le ventre vide.

L’ignoble pression, qui ne vise qu’à défendre une vision du monde, aura peut-être raison du président Akufo-Addo, qui pourra ne pas procéder à la promulgation de la loi contestée.

Mais le mal est déjà fait. Les peuples d’Afrique sont de moins en moins disposés à accepter les injonctions venues d’ailleurs. Et c’est une évolution irréversible. La percée fulgurante des pays comme la Russie, la Turquie ou la Chine sur le continent est bien l’expression de ce rejet.

Yacouba Ouédraogo
Kamanews.net

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