L’absence de l’ancien allié du chef de l’Etat ivoirien de la liste des bénéficiaires de la grâce présidentielle accordée à 51 personnes condamnées, notamment, pour atteinte à la sécurité de l’État, continue d’alimenter les spéculations.
Guillaume Soro n’a pas bénéficié de la clémence de celui qui le considérait, il n’y a pas longtemps, comme son « fils ». Jugé par contumace pour complot, l’ancien Premier ministre ivoirien a été condamné à la perpétuité par un tribunal d’Abidjan en 2021.
L’année précédente, il avait été condamné à 20 ans de prison pour « recel de détournement de deniers publics » et « blanchiment de capitaux ».
Alassane Ouattara a expliqué la prise de la mesure de faveur par sa volonté « d’œuvrer résolument à la consolidation de la paix ». Si tel est le cas, il faut bien conclure qu’il n’est pas encore disposé à faire la paix avec Guillaume Soro.
Mais nous sommes en politique, dans la très haute politique. En graciant plusieurs de ses proches sauf lui, Alassane Ouattara envoie un message clair à « son bon petit » : tu sais ce qu’il te reste à faire!
Selon plusieurs connaisseurs de relations complexes entre le chef de l’Etat et son ancien chef du parlement, c’est à Guillaume Soro de faire le premier pas, en toute humilité, et en toute franchise.
Faudra-t-il, dans ce cas, que l’ancien chef rebelle demande publiquement pardon au « vieux » et reconnaisse ne s’être pas bien comporté ?
Pour Guillaume Soro, humilité ne doit point rimer avec auto humiliation. Il veut bien rentrer en côte d’Ivoire, retrouver une vie normale, mais pas à tout prix. Dans ces confidences, l’homme a plusieurs fois dit être prêt à se retirer définitivement de la politique, convaincu qu’une relève conséquente est à présent constituée pour poursuivre ce qui est son combat.
Ce serait, pourtant, bien pour la Côte d’Ivoire que ces deux personnalités se parlent à nouveau, pour tourner une page qui, somme toute, les chagrine. Une autre histoire doit s’écrire pour ce pays, dans un contexte qui sera dépourvu de certaines guerres de tranchées.
Alassane Ouattara est en fin de course et à se fier à ses propres dires, c’est par manque de dauphin qu’il a dû se résoudre à conquérir son présent mandat présidentiel. Entre temps, Henry Konan Bédié est mort, et Laurent Gbagbo, qui peine à mettre sur scelle son nouveau parti politique laminé lors des élections locales de 2023, sait qu’il est en fin de parcours.
Un rapprochement entre Alassane Ouattara et Guillaume Soro sera donc un puissant message en faveur de la décrispation totale du jeu politique, une pièce nécessaire pour la réconciliation des Ivoiriens à laquelle ils disent tous travailler.
Pierre Lompo
Kamanews.net