Du monde, il y en eu le samedi 17 février au Palais des sports. C’était à l’occasion de la première rencontre nationale entre le président de la Transition burkinabè, le Capitaine Ibrahima Traoré, et ses soutiens.
L’initiative est de la Coordination nationale de la veille citoyenne patriotique (CNVCP). Cette faitière regroupe toutes les associations favorables au régime et dont des membres se retrouvent, la nuit venue, au niveau de certains ronds-points afin d’être « les yeux et les oreilles de la Transition », prêts à barrer la route à toute tentative de déstabilisation. Le terme, en langue nationale Mooré, « Wayiyan », qui signifie « sortez » et par lequel ils ont fini par être désignés, est le cri de ralliement pour une mobilisation urgente.
Pour un rendez-vous qui s’est voulu historique, les participants sont venus des 13 régions administratives du Burkina. Toutes les places assises de cette salle située dans le quartier Ouaga 2000, au sud de la capitale burkinabè, étaient occupées dès 9 heures. Des chaises ont été emmenées en supplément, mais ce n’était pas assez pour ce beau monde dont une partie se résoudra à suivre l’évènement débout.
Des écrans géants installés à l’extérieur de la salle ont permis aux milliers de personnes qui s’y trouvaient de suivre en direct ce qui se passait à l’intérieur du Palais des sports.
Il y a eu de la musique, essentiellement du reggae, des discours, beaucoup de slogans et des ovations !
La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) a, maintes fois, été décriée, les forces armées burkinabè acclamées, tout comme les « vaillants » peuples du Niger, du Mali et du Burkina Faso !
Dans les slogans, on a aussi dénoncé « les ennemis de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) », de même que les « avocats pourris », « la justice pourrie », « les leaders pourris » et tous les « traitres » qui ne soutiennent pas la révolution au Burkina.
A la suite du message du comité d’organisation, délivré par Fanta Traoré qui rappelé à ceux qui en douteraient que les « Wayiyans sont des cerveaux bien remplis (…) déterminés à servir leur pays », le représentant de chacune des régions a pris la parole.
Ces « gardiennes et gardiens de la Transition » sont unanimes pour constater que, depuis l’arrivée au pouvoir du président Ibrahim Traoré, « les choses bougent à tous les niveaux pour le bien-être de tous les Burkinabè ».
Ils en veulent pour preuve « le retour massif de personnes déplacées dans leurs localités d’origine » suite aux nombreuses « victoires des forces combattantes contre les groupes terroristes ».
Les intervenants ont salué « la dénonciation des accord coloniaux, le départ des armées étrangères, le retrait héroïque de la Cedeao et la création de l’AES ».
Assez de points positifs à l’actif du pouvoir en place et le représentant de la région du Sahel de se convaincre que, résolument, « avec Ibrahim Traoré, c’est bien la preuve qu’aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre d’années ».
A ce meeting où des milliers de personnes sont venues « réitérer leur soutien total et sans condition aux autorités de la Transition et au Capitaine Ibrahim Traoré », les intervenants ont dit la disponibilité des jeunes à renforcer les rangs des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), et invité les autorités à lancer des recrutements.
Celui que tout le monde voulait entendre à cette rencontre était assurément le chef de l’Etat. Ibrahim Traoré, dont l’arrivée a été saluée par une longue ovation, a écouté, et a parlé.
Il a d’abord rendu hommage à tous les combats, et aux Wayiyans, il dira : c’est « vous qui veillez sur la Transition et l’itinéraire que nous avons tracé ».
Le Président Traoré a expliqué à son auditoire « comment fonctionne l’impérialisme », celui-là même qui est à l’origine de la crise actuelle dans les pays du Sahel.
Pour lui, il faut remonter aux débuts des années 1990 avec la mise en place des programmes d’ajustement structurel dans plusieurs pays d’Afrique. Des mesures qui ont déstructuré l’économie, notamment avec des privatisations qui ont conduit à une désindustrialisation massive.
Cette déstructuration a aussi touché les armées qui, privées de budget et affaiblies, sont devenues l’ombre d’elles-mêmes.
Pour le président burkinabè, il n’y avait rien d’innocent. Les concepteurs de ces programmes d’ajustement « préparaient la chose », qui a commencé par la succession de rebellions armées au Niger et au Mali, une étape vers l’arrivée « planifiée » du terrorisme dans nos pays. Point de doute pour le capitaine Traoré, l’impérialisme a éliminé, en octobre 2011, le Colonel Mouamar Khadaffi de la Lybie, parce que c’était le seul qui pouvait contrecarrer ses plans.
A écouter Ibrahim Traoré, la France est bien un acteur majeur de ce plan de déstabilisation de la région sahélienne. Selon ses confidences faites à une assemblée toute attentive, les lendemains du départ, en février 2023, des forces françaises qui étaient stationnées au Burkina ont été marqués par une recrudescence des attaques terroristes.
Simple coïncidence ? Pas du tout, explique le Capitaine Traoré, qui lie ces agressions à sa décision d’exiger la fin de la présence militaire française sur le sol burkinabè. « Des officiers militaires nous ont dit qu’il s’agissait d’une mauvaise décision et que nous n’allions pas tenir 2 mois », déclare-t-il.
Mais pour lui, « vous ne pouvez pas espérer retrouver votre objet perdu en faisant appel à celui qui vous l’a volé pour vous aider ».
Depuis, l’armée burkinabè s’est réorganisée et est dans un renforcement continu de son équipement. « Ce que vous allez voir venir dans les jours à venir doit faire de notre armée une puissance à craindre », promesse du président burkinabè.
Une mise en garde contre l’impérialisme qui persiste à vouloir « le chaos contre le Burkina ».
Le Capitaine Ibrahim Traoré annonce un changement de paradigme de son régime à l’encontre de certaines personnes. « Pendant un an, nous avons mis en garde les valets locaux de l’impérialisme. Certains ont compris le message et se sont rangés. Aujourd’hui nous n’avons plus de sentiment sur ce volet : quiconque va trahir sa Patrie sera traité comme tel », a-t-il déclaré sous les ovations nourries de la salle.
De la Cedeao, le Capitaine Traoré n’en parlera pas beaucoup. Il a rappelé que cette organisation sous-régionale a été créée, principalement, par des « putschistes », et aux tenants d’une intervention armée pour rétablir le président Mohamed Bazoum au Niger, il a lancé : « nous attendons cette force en attente » de la Cedeao.
Il a invité les peuples du sahel à ne pas se laisser effrayer par le chantage à la douleur qui est propagé suite à la décision des pays de l’AES de se retirer de la Cedeao. « Toute souffrance a une fin, et seule la lutte libère », dixit Ibrahim Traoré, au pouvoir au Burkina Faso depuis le 30 septembre 2022.
Fadel Koné
Kamanews.net